THE ROBERT CRAY BAND: 4 Nights of 40 Years Live (2015)

On a souvent minimisé l’impact de Robert Cray sur la scène musicale. Certes, on l’a qualifié de guitariste novateur et de grand instrumentiste mais sa réputation ne semble pas aussi étendue qu’elle devrait l’être. Sans doute parce que cet immense artiste ne s’exprime pas dans le registre du blues pur. Il a mélangé sans complexe et avec talent différents courants de la « black music » (blues, soul, jazz, funk, rhythm'n’blues) pour se forger un style personnel et original, immédiatement reconnaissable. Robert Cray joue de tout, à sa propre manière. C’est peut-être ça qui déconcerte. Ce DVD retrace, au travers de concerts récents et d’images d’archives, les quarante ans de carrière de cet incroyable musicien et commence par une série de photos en noir et blanc de Robert avec les pointures du genre (BB King, Chuck Berry, Keith Richards, Muddy Waters, Eric Clapton, Albert Collins entre autres). Les morceaux filmés en concert sont intercalés avec des interventions d’autres artistes (Jimmie Vaughan, Buddy Guy, Eric Clapton, Bonnie Rait, Keith Richards) et des interviews de Robert qui nous raconte son parcours. Au titre des archives, nous avons droit à une interview et des extraits de show datant de 1982 (« Too many cooks »). D’autres extraits datant de 1987 nous prouvent, si besoin était, que Robert Cray a le blues au bout des doigts : « I guess I showed her », « Smoking gun », « I’ll always remember you » (un slow jazz/blues) et « Your good thing is about to end » (un slow bluesy poignant et saisissant de beauté). On passe à l’époque actuelle avec d’autres morceaux qui valent le détour. Sur « Love gone to waste » (un savoureux cocktail de rhythm'n’blues, de soul, de funk et de Motown) on peut apprécier le jeu de guitare de Robert, un jeu tout en délicatesse et en tirés de cordes. Kim Wilson (des Fabulous Thunderbirds) vient donner de la voix sur « Wrap it up », un rhythm'n’blues teinté de soul. « Won’t be coming home » offre un exemple flagrant du style unique de Robert Cray (tirés, glissandos et vibratos). Son jeu si personnel s’exprime encore magnifiquement sur « Sittin’ on top of the world » (avec le soutien de l’harmoniciste Lee Oskar) et sur la splendide ballade « Bad influence ». Robert nous dévoile sa qualité en rythmique sur « These things » et envoie un solo subtil sur « Right next door (because of me) ». Enfin, « Time makes two » nous renseigne sur la nature des accords (à la limite du jazz) qu’emploie Robert. Quant au solo, il est à tomber ! Ah, j’allais oublier ! Robert Cray est un guitariste talentueux mais il possède aussi une voix de velours. Que dire de plus ? Voici donc un bien beau DVD qui fait plaisir à visionner. Que ce soit en concert ou en vidéo, il faut avoir vu Robert Cray au moins une fois dans sa vie.

Olivier Aubry